• Vous ne gagnerez pas.

     

    Vous avez tué pour rien, vous avez tué bêtement.

     

    Il ne devrait pas être besoin de le dire, qu’on tue souvent pour rien, à qui sait, comprend et jouit de ce qu’est complètement l’humain, sans lui souhaiter les limites de sa propre perception, mais l’on peut considérer qu’il faille faire ou répéter un très simple calcul, au bénéfice des persistants candides du phénomène.

     

    Dont acte.

     

    Cette mort, ignominieusement répandue depuis le coin de la rue jusqu’au centre des bureaux, elle ne vous servira de rien. Elle jouera contre vous, contre ce que vous prétendiez faire, contre ce que vous pensiez représenter et peut-être même contre d’autres, que, regrettablement, les yeux encore emplis de larmes ou bientôt embués de colère, ils risquent demain matin, plus encore qu’hier soir, de prendre précipitamment pour vous.

     

    Aux heures sombres, il est quelques rares idées pour se nourrir du fait qu’on veuille bien en mourir. Aucune pourtant ne saurait prendre table ni racine en ce qu’on donne à l’autre le devoir de mourir.

     

    Vous n’avez tué que pour que nous gagnions, que pour qu’ils gagnent, eux, ces désormais immortels, ceux-là que vous avez voulu pour la dernière des fois et après tant de menaces museler, mais à qui vous n’avez réussi qu’à offrir la seule éternité qui vaille : c’est en le cœur d’une nation, que vous les enterriez en les flinguant, et rien n’y meurt jamais plus difficilement que la flamme du souvenir de ces grands que vous n’aurez pas fait passer de vie à trépas mais de hérauts des mines d’une République à simples et purs héros d’un peuple. Ils ne sont plus que nôtres, désormais, hors de votre salissure, hors de votre mesquine vue, hors de vos rétrogrades carcans ; ils sont libres, enfin, et nous les regrettons, pour sûr, aussi certainement que nous nous consolerons de cette horrible peine en les sachant si libres qu’ils ne vous craignent plus – et nous n’oublierons pas de sitôt qu’ils ne nous en souhaitaient pas moins, de cette liberté que tant auront échoué à nous ravir !

     

    Vous avez tué pour rien, vous avez tué bêtement, et vous ne gagnerez pas cette peur, que nous vous refusons !

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    (Cas pratiques, #1)

     

    Raoul n’est pas plombier, mais écrivain. C’est ainsi. Que voulez-vous ? Les ouvriers meilleurs que leurs outils gagnent plutôt bien leur vie, alors du haut de ses modestes origines et de ses pauvres capacités littéraires, lui s’est dit que ça ferait certainement trop et a décidé d’écrire – pour parler de sa vie comme d’autres de leurs miches. Et en même temps, on s’en moque comme d’un affreux cliché, puisque ledit métier n’aura pour seule utilité que son inclusion en notre argumentaire et la futilité de son anecdotique inscription en telle ou telle catégorie, futilité que n’égale que la valeur de cette fantasque mais néanmoins un tantinet prédictive introduction. Disons lors que c’est un art de l’introduire. Disons si vous voulez qu’il n’est écrivain qu’à ses heures perdues, et pâtissier quant à sa peine quotidienne, ce qui bon an mal an nous permettra de rompre le supplice du suspense et de passer à table.

     

    Raoul le pâtissier se rend donc toutes les fins de nuits sur son lieu de travail, pour faire des petits gâteaux dont nous serons gâteux ; n’en faisons pas toute une salade, tant c’est anecdotique. Il croise sur son chemin de nombreux fêtards éméchés, traînant à cloche-pied leurs savates vers un lointain clocher, oublieux en l’alcool de ménager qui des chèvres ou des choux. Normal. Et parfois belliqueux, encore, entre eux ou par débordement. Raoul, par innocente bonté d’âme ou grande simplicité, n’aime pas trop que les gens se battent et s’abîment sans raison valable regarder. Alors lui vient la bête et généreuse idée de séparer les improbables belligérants, de la manière la plus douce possible mais non sans subir leur agressive et injuste rudesse réciproque. Ce qui lui vaut ce beau matin-là de prendre un mauvais coup négligemment perdu. Une arcade intimement ouverte plus tard, il se soigne sur le pouce et reprend tranquillement le travail sans outre mesure s’inquiéter de son sort, ni plus de celui de la jeune assemblée dorénavant dispersée.   

     

    Puis, en fin de journée, la visite des forces de l’ordre, marquant le coup et tapant l’affiche devant son patron, la caissière et la triste assemblée des clients en goguette. Ce qui n’est pour plaire à personne. C’est la faute à Voltaire, l’informe le commissaire : monsieur machin, retrouvé roué de coups par l’un des équipages de nuit, le désigne comme son agresseur ; et l’assistance recomposée de confirmer l’engrenage ! Flûte alors, ce n’est pas la moitié d’une quenelle qui lui tombe dessus ! La soirée se prolonge en eau de boudin et en garde à vue, tandis que les témoignages se transforment lentement en procès-verbaux au rythme sec des deux index de l’officier judiciaire.

     

    Raoul se retrouve donc au tribunal, accusé de violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. C’est que depuis son arrestation, machin est décédé de ses blessures, victime d’un vicieux traumatisme cérébral, paradoxalement consécutif à l’attaque mais précédant aussi la fatidique. La chance sourit aux audacieux mais ne prête qu’à bonne fortune. L’affaire conserve ses témoins, qui maintiennent leurs concordantes dépositions : Raoul n’y coupera pas, malgré ses véhémentes dénégations et son indigente indignation en regard du nombre de ses accusateurs.

     

    Reste que le président, c’est d’époque, n’est pas sûr de lui et veut entendre un exposé – devenu habituel – de la personnalité de Raoul, lui accordant encore potentiellement le bénéfice du doute. Le procureur aussi, pourquoi pas, certain de l’enfoncer depuis sa hautaine connaissance du dossier. L’humeur décrite par les présents d’hier s’avère des plus maussades. Le jeune voisin du pâtissier, qui visite délicatement sa fille un soir sur deux dans la globale indifférence de sa mère, madame Raoul, et qui voudrait bien gratuitement se débarrasser du père, l’affuble d’une fâcheuse tendance colérique et de fréquentes brimades physiques, sans que soit jamais notée la motivation profonde de ses légers propos ni donc leur honnête véracité.

     

    Raoul est mal barré, sauf peut-être en prévision du bien-loti de derrière les barreaux. Comprenant parfaitement que le nombre est contre lui, il affirme pourtant au tribunal tant sa sainte horreur de la violence que sa profonde répulsion pour tout prélèvement même accidentel d’une vie humaine, l’enjoignant à croire qu’il n’a pas cherché la bagarre ni porté le moindre coup. Leurs honneurs demandant sur quelle base, Raoul réaffirme sa parole, dont on fait finalement aussi peu de cas que les publications auxquelles il renvoie ensuite, dans lesquelles il avait couché noir sur blanc cette même ligne de conduite. Arguant qu’à l’impossible nul n’est tenu et qu’une cour de justice n’est pas un lieu d’exégèse, ne serait-ce qu’en considération du nombre de requérants, le tribunal persiste et fait valoir la signature des témoins ; ce qui du coup tient lieu de préséance de la déclaration des actes sur celle des intentions. Raoul tient bon, dans un argumentaire désespéré à la portée illusoire, clamant en vain son innocence. Comme tant d’autres, lui dira-t-on, avant de jouter que le rapport numéraire ne joue pas en sa faveur. Saisissant la qualification purement déclarative et en ceci quasi fictive de son verbe par ses juges, Raoul admet le point mais objecte une dernière fois qu’il est réellement pétri d’innocence, et que si la justice tient chaque justiciable à l’impossible puisque nul n’est censé ignorer la loi, elle doit bien admettre ne pas s’y tenir soi, dans une iniquité flagrante, puisqu’elle se permet théoriquement d’ignorer la réalité des faits – puisqu’elle ne peut logiquement les atteindre vraiment. Il note du reste la tendre hypocrisie du législateur, qui commande la connaissance qu’il n’inculque pas, puisque les études de droit ne sont pas incorporées au tronc commun éducatif. A ces deux titres, il demande le classement sans suite de son affaire, pour vice de forme d’une structure brillant par son incomplétude logique.

     

    La goutte prétentieuse provoque l’ire du président devant un tel abus de droit, lequel suit les réquisitions et condamne fermement, nous permettant de noter de manière tout à fait anecdotique au récit, qu’en la matière publique et dans un moyen terme argumentatif tenant à la notion de juste milieu, tous les moyens sont bons ; sauf peut-être les plus immédiatement coûteux, puisqu’instruire le bon peuple de son droit tiendrait de l’utopie économique, quand bien même on omettrait l’intellectuelle…

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  • (Les filles pensent que)            

     

    Les filles pensent que les filles pensent que. Si. Parfois, même, les filles pensent que les mecs pensent que. Forcément. Voire que les hommes pensent que les filles pensent que les filles pensent que. Pourquoi pas, mais tu me feras un Ave et deux Pater, en sus de me donner un Doliprane coupé à l’Aspirine. Enfin, plus rarement maintenant, les filles pensent que les mecs pensent queue. Parce qu’ils n’ont ni « que » ni tête. Pardon, c’est un peu gras. Mais pas que ; c’est aussi un peu brouillon, comme ensemble. Un peu chargé, en fait, telle une galerie des glaces. Sans parler, parce-que ça fait froid dans le dos, des garçons, qui pensent aussi que ; ou qui pensent que les garçons pensent que ; et cætera qui nous enterrera tous.

     

    Le mal au monde le plus répandu, engendrant autant de maux qu’il produira de mots, est l’interprétation de l’idée que l’exception confirme la règle – étant posé le fait que nous sommes chacun naturellement une exception en soi. Comme un ego très égal.

    Ainsi, pour commencer, si les filles ou les garçons pensent que les filles ou les garçons pensent que, c’est pour s’en démarquer, c’est-à-dire pour prendre position ; que la catégorie les comprenne ou non. Soit les autres filles ou les autres garçons pensent que, soit toutes et tous pensent que, et moi aussi, et j’accepte ou je conteste, je me repositionne en fonction de l’appartenance à l’ensemble XX ou XY qui pense que, ou de son exclusion. Et il est toujours très rassurant pour la chose très soi, qui pense que, de se démarquer de l’infernale altérité pensant que – pensant qu’ainsi elle se valorise. Même si par moments, on compenserait bien la démarcation unitaire de la triste solitude en pensant que comme tout le monde on pense que – ou simplement déjà comme d’autres.

    Pourtant, ce n’est pas parce qu’un autre pense que, qu’il faut nécessairement en penser que. Encore moins si en fait on pense juste qu’il pense que, sans savoir que. Précaution mise à part, la maxime tient du principe. Voir que les uns pensent que, tandis que les autres pensent que, et que l’un dans l’autre le mélange ne nous fait pas forcément penser mieux que, ni nous rallier à penser que, c’est un coup à finir en se disant que ; un coup à agréger des ensembles pensant que, constitués de pensants que, parfois même des ensembles exotiques sans X ni Y, ou alors des X et des Y qui font des drôles de Z, lesquels pensent toujours que ; ou bien à relativiser en pensant que ce n’est toujours qu’un qui pense que, et qu’il n’y aura jamais que des uns qui pensent que.

    A ce stade, la confusion règne, entre ceux qui pensent que l’on ne devrait pas autant penser que, ni autant écrire que l’on pense que, et ceux qui pensent que de toute façon tous ceux qui pensent que continueront à penser que, et que quand bien même ils arrêteraient de penser que, ils pensent quand même que d’autres qu’eux en viendront à penser que, parce-que c’est un trait de caractère de l’humain que de se mettre à penser que, pour aborder un autre qui pense que, autant que pour simplement penser que. Bref, on ne sait plus que penser.

     

    Nous, en tant que, on pense que. Nécessairement. Mais pas que. On pense aussi que, celui qui pense que, c’est originellement un être qui pense que. Mais pas que. Quand l’être qui pense que, sans distinction de la classe qui pense aussi que, ni de celle qui pense peut-être que non-que, rencontre un autre être qui éventuellement pensera que, non-que, ou encore que, il pense toujours que. Mais pas que. Il sent aussi que. Et se dit que, peut-être, l’autre aussi sent que. Que l’autre « que » ressemble ou non au premier « que » de l’un qui sentait que.

    Du coup, on se dit que l’on n’est pas que des gens qui pensent que, puisque l’on sent aussi que, et que l’on sait aussi penser que l’on pense que, sans se résumer à penser que, et uniquement que, c'est-à-dire à ne penser que « que » ; et que, que les filles ou les garçons pensent que, c’est bien d’en penser que, mais en pensant que d’autres pensent que, et que tous les « que » doivent être pensés en tant que pensés « que » ; bref, que nous ne nous résumons pas à penser que, de la même manière que nous ne nous résumons pas que à penser. Que les filles pensent que ; que les garçons pensent que ; que le plus grand bien leur en fasse. Tant que ce n’est pas que.

     

    Voir le site:

    http://www.lesfillespensentque.net/

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  •  (Ni l’éditeur la littérature.)

     

    Dis-moi qui tu édites, je te dirai qui tu es. Dis-moi comme tu milites, je te dirai qui je suis. Dis-moi comment, je te dirai pourquoi. Pardon ? Les industries s’enchaînent et se ressemblent un peu… Ils sont venus, ils ont vu, ils ont vendu. Et quand ils auront tout vendu, il ne restera rien. Les ogres auront mangé toute la barbaque.

     

    « S’il te plaît… dessine-moi un ministre ! »

    Mais mon dessin, bien sûr, est beaucoup moins ravissant que le modèle. Ce n'est pas ma faute. C’est que tous ne sont pas de bons ministres ; c’est l’exercice pratique du mandat qui fait le ministère.

    Je suis content. Et même si quand je suis content je vomis, je reste content. Pour l’éditeur. Ravi, même, certainement un peu trop à la manière de celui de la crèche, d’apprendre que l’éditeur accède au rang d’artiste par une interprétation ministérielle de la jurisprudence du ready-made oublieuse du fait qu’une interrogation sur le statut artistique d’une œuvre ou de son créateur n’est pas la porte ouverte à la validation de tous les goûts de chiotte. La préséance structurelle a donc vécu. Réjouissez-vous, auteurs, voici venue la fin de la domination du marchand sur le créateur. En vérité, elle nous le dit, l’éditeur est désormais à votre divin niveau. Bien sûr, puisqu’en la matière les premiers devaient être les derniers, ne vous étonnez pas de finir à la cuvette lorsque prenant des vessies pour des lanternes, la culture vous pisse à la raie en se gratifiant d’illuminer son monde.

     

    Non, l’éditeur ne fait pas la littérature. Pas même l’auteur, d’ailleurs. L’auteur fait de la littérature, laquelle se trouve plus ou moins bonne – en soi déjà. Puis il rencontre éventuellement un éditeur, lequel peut transformer tout ou partie de l’œuvre en quelque-chose de plus abouti – avec l’aide, toujours, de l’auteur, et à partir toujours de son œuvre première – ou quelque-chose de simplement ou parfaitement vendable. Puis, et surtout, l’œuvre rencontre un public. Et ce public plus ou moins large apprécie – ou pas – le résultat, qu’il s’agisse d’un livre véritable ou de la simple production d’un produit marchand. Et c’est l’ensemble de ce processus, oscillant entre création et destruction à des niveaux inégaux sur le plan valoriel mais tout aussi essentiels de manière structurelle, qui créé la littérature.

    A considérer la littérature, il serait dangereux de désigner un des rouages comme prenant le pas sur son voisin. La plus douce et la plus honnête des modesties consisterait même à dire qu’il n’y a que le public, ultime sélection en tant déjà qu’elle sera celle de l’histoire, pour faire la littérature. Lequel public, hors la notion de visibilité, n’a aucun besoin d’un guide pour apprécier une saveur. Mais à parler de littérature, et sauf à ne prêter qu’aux riches, ne vous focalisez pas, madame la ministre, sur un terme médian de l’équation, qui s’il se pose correctement – en tant que fabriquant au moins – entre l’auteur et ses lecteurs, reste isolément parfaitement inapte à toute véritable création.

     

    Le bon sens est, paraît-il, la chose du monde la mieux partagée. Peut-être n’y en avait-il juste pas assez au départ.

     

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    (« Qu’on lui coupe la tête ! »)


     En réponse à Almira Gulsh ; et à d’autres.

             (http://almiragulsh.blogspot.fr/2012/06/ballon-pied.html)

     

                    On ne saurait me taxer d’aimer le foot ; pas plus que mon propre corps. Deux anecdotes dont on se moque. Et pourtant. Pourtant, il est des fois où l’envie monte, aussi fugace et vaine qu’une attaque de l’équipe de France de football en ce début d’été, de défendre nos petites têtes bleues. Sans les aimer. Sans les prendre, il faut le dire, pour autre chose que des petites têtes vides qui ne font pas grand-chose d’autre que taper dans un ballon et courir pendant plus ou moins quatre-vingt-dix minutes dans un carré pas carré de pré vert, tels des bovins dopés à la salsepareille hallucinogène, ou poser en souriant dans des publicités au demeurant elles aussi hallucinantes, dignes d’un « Kinder m’a tué » (parce-que trop de Bueno tue le Tsonga comme nous l’aura prouvé cette dernière saison de Roland-Garros). Les clichés ont la vie dure, et la perfection n’étant pas de ce monde, je me complais comme beaucoup dans le dédain salvateur d’égo ; le mien regarde l’autre et lui dit merde.

     

                   Les défendre d’une attaque sûrement aussi faussement méchante qu’elle se révèle finalement bien loin d’être parfaitement justifiée. Parce-que, oui, on peut ne pas aimer le foot ; ne pas vouloir excuser la défaite d’une équipe au nom de la pauvreté ontologique de ses membres hors le champ sportif, c’est-à-dire au nom de leur bassesse toute singulière très utilement supposée ; on peut relever l’ignominie d’un écart trop grand entre les hauts et les bas revenus ; on peut considérer que les bétonnières sociales surgissent médiatiquement dans une culture de masse et trouver le fait dommageable si l’on conclue qu’il s’y résume ; on peut voir que le football reproduit et met en exergue les injustices d’un monde à plusieurs vitesses du fait de la concentration d’une classe de bien-lotis particulièrement bien visibles ; on peut aimer l’exemplarité et les symboles ; mais on ne doit pas tout confondre…

                    C’est sur le plan sportif que les bleus ont démérité ; et ce plan est autosuffisant. Et encore. Je ne me rappelle pas, du haut de mon extraordinaire manque de piété disciplinaire, qu’il s’agisse là du plus mauvais résultat de tous les temps de notre équipe nationale – déduite la considération d’une transcendance structurelle permettant la catégorisation atemporelle d’un ensemble tandis que toutes ses parties sont renouvelées.

                   Au-delà d’un résultat forcément décevant eu égard aux attentes des supporters, force est de reconnaître certains maux générationnels, force est de constater que certains mots furent de trop et que peut-être une autre volonté, elle, fut absente. Mais justement : génération ! Pourquoi taper aveuglément sur quelques têtes quand elles restent le produit d’un système auquel on ne s’attaque pas ? Pourquoi nos bleus seraient-ils différents de notre société, et à partir de là comment leur reprocher une étantité dont ils ne sont pas un exemple en soi mais une simple et bête instanciation parmi d’autres ? Oui, certains aiment claquer cet argent qu’ils gagnent en s’inscrivant dans une structure où n’importe-quel quidam un tant soit peu doué de ses deux jambes le gagnerait ; si, d’autres ont une ambition sociale et partagent leur temps avec cette classe des nécessiteux si utile aux sophistes de tous poils, dans la poursuite de projets tournés vers eux ou restant à leur portée financière ; et oui, enfin, chacun d’entre eux est un être humain intrinsèquement lambda. La responsabilité ne leur appartient pas. Ou bien ce serait dire que le chien du président doit cesser de déféquer d’ici au terme de son mandat – par souci de propre exemplarité dudit mandat. La représentation d’un sportif, en l’essence, cesse dès qu’il quitte le terrain. C’est tout. C’est pour cela qu’il est payé, pour cela que son âme vibre. Les écarts de conduite envers un journaliste tiennent de l’effet pervers d’une sur-médiatisation des stars – celles du ballon rond comme les autres – et l’accident n’est pas toujours fumée sans feu. Mais voilà des faits sociaux, et non sportifs. On pourra bien faire sauter des fusibles, ça ne changera pas la gueule du tableau si on ne revoit pas tous les branchements.

     On peut regretter les envolées salariales du monde sportif. On ne saurait décemment, puisque beaucoup s’en réclament, considérer qu’une tête coupée nous débarrasse d’un corps. Sauf à assumer la recherche cathartique d’une tête de turc nous évitant, à tous, de nous la prendre, la tête, en même temps que les deux bras, pour s’en aller quérir à la sueur de nos fronts et à grandes enjambées des lendemains qui chantent. Lesquels ne sont jamais tombés du ciel, à la différence des commérages et autres commentaires gratuitement circonstanciés. Non, on ne doit pas tout confondre, sans quoi ces membres éparpillés réunis à la va-vite ne tiennent plus que d’un Frankenstein tout juste bon à effrayer (#) les gens.

     

     

     

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